Il ne fallait pas s'attendre à ce que la performance extraordinaire de la plus mauvaise attaque de L1 éclipse les superstars du PSG, on sait très bien que les projecteurs sont braqués sur trois ou quatre clubs, et le reste c'est du folklore local.
Plus sérieusement, quel pied en se réveillant ce matin de constater que le match d'hier n'était pas un rêve. Les Merlus ont livré une prestation de haut niveau, et je pense qu'elle mérite d'être décortiquée quelque peu pour en tirer les enseignements positifs.
Premièrement, ce match confirme que l'ambition dans le pressing et dans le jeu offensif sont les clés du succès. On prend deux buts largement évitables, mais tant qu'on marque on reste dans la course. Les joueurs, bien menés par l'excellent pressing d'Abergel, ont joué beaucoup plus haut que d'ordinaire et ont su faire déjouer les Stéphanois dans tous les compartiments de jeu. Leurs attaquants ont eu beaucoup de mal à trouver de l'espace pour combiner, leur milieu de terrain a été souvent asphyxié et privé de solutions, et leur défense a toujours été mise sous pression pour les empêcher de relancer court. Abergel, Le Fée, Laurienté et Koné ont été particulièrement précieux dans ce rôle de harcèlement : un peu moins pour Monconduit en sentinelle, et Moffi qui peine encore à trouver comment occuper efficacement son couloir. Heureusement qu'il était bien secondé par Mendes qui a su animer à lui seul le flanc droit, et qui mérite d'être félicité car il a livré sans doute un de ses meilleurs matches chez nous.
Deuxièmement, on constate que notre animation offensive est bien plus équilibrée quand on associe des manieurs de ballons au milieu de terrain. J'ai toujours du mal à voir en Monconduit une sentinelle crédible (je le trouve trop lent et trop peu mobile), mais dans la sortie du ballon il est capable de trouver des passes intéressantes. Idem pour Abergel, dont les récupérations haut sur le terrain font beaucoup de bien et permettent d'exploiter au maximum les déséquilibres créés chez l'adversaire. Enfin, Le Fée nous gratifie d'une prestation incroyable, sans doute sa meilleure chez nous. J'enrage encore que le but de Koné ait été honteusement refusé (les images sur le ralenti ne confirment absolument pas la décision de l'arbitre, à mon sens), car le travail incroyable de Le Fée aurait mérité d'être récompensé par une passe décisive. Sur l'ensemble du match, il a su démontrer l'ensemble de ses qualités : percussion balle au pied, feintes de corps et renversement de jeu intelligents, décalages sur les ailes ou passes en profondeur dans l'axe. Quand il affiche ce niveau de jeu, il est la pièce maîtresse dont on a besoin pour contrôler le milieu de terrain, donner le tempo à l'équipe, et trouver les ouvertures dans la défense adverse. Son but est la concrétisation de tout son travail, et il survient au meilleur moment sur un très beau service de Laurienté qui aura été très altruiste ce soir.
Troisièmement, on a pu voir que l'accélération du jeu sera la clé de notre maintien, et devrait constituer la base de notre jeu. Cela fait des mois qu'on le répète, mais le fait de jouer un jeu de transition ne peut pas s'accompagner de passes lentes et latérales. C'est complètement contre-productif, et c'est pourtant ce qu'on a essayé de faire pendant quasiment la moitié de la saison. On récupérait le ballon très bas, on essayait d'enchaîner trois ou quatre passes entre les défenseurs, puis en l'absence de solution on lançait une sacoche devant. Le football proposé hier est exactement celui dont on a besoin pour l'emporter : les récupérations doivent nous pousser immédiatement à chercher une rampe de lancement (Le Fée idéalement, mais Monconduit et Abergel peuvent aussi faire ce travail), laquelle va ensuite pouvoir trouver une solution parmi nos trois joueurs offensifs. Ces derniers ont d'ailleurs fait un excellent travail, en particulier Koné (bien meilleur dans la conservation du ballon que Moffi), et Laurienté (qui a su alterner profondeur et décrochage, et qui a été bien plus inspiré que d'habitude techniquement). Moffi n'est pas un ailier, mais il s'est souvent mué en deuxième attaquant pour apporter une solution en profondeur, et achever de déstabiliser la défense stéphanoise qui ne savait plus sur qui sortir. Si on ajoute à ça les montées de Mendes, on avait par moments trois ou quatre joueurs dans les trente derniers mètres, tous dangereux.
C'est l'accélération des transmissions qui permet à Mendes de gagner un pénalty de bien belle manière (ce contrôle !), mais c'est aussi cette accélération qui permet de trouver Koné pour le deuxième but. C'est la clé qui permet à Laurienté de trouver Le Fée en profondeur alors que la défense stéphanoise n'est pas placée. C'est encore cette accélération qui conduit au carton rouge. La vitesse est l'élément clé, car elle déstabilise le bloc adverse, force les défenseurs à intervenir à la limite, et met les joueurs constamment sous pression.
Sans vitesse, on se retrouve à assurer une conservation stérile du ballon, qui n'a de sens que quand on est le PSG et qu'on a des joueurs doués techniquement, capables de trouver la faille dans une défense regroupée. Ce n'est pas notre cas. Le football qu'on a vu hier soir devrait être notre horizon : des transmissions rapides, une exploitation systématique des déséquilibres, et une présence permanente dans la surface adverse pour couper les centres. Les passes vers l'avant sont encore le meilleur moyen de pousser l'adversaire à la faute, et hier personne ne s'est plaint des quelques hors-jeux, des centres ratés, ou des occasions manquées : on a eu tellement de ballons qu'on en a presque oublié le duel perdu par Moffi, ou encore son incroyable manqué du pied droit. On ne parle même pas de la VAR sur le but de Koné, ou du hors-jeu de Moffi quand il crochète Bernardoni. On a tellement pilonné le but stéphanois (de près, de loin, sur du jeu construit ou des phases arrêtées) qu'on savait qu'on allait finir par les faire craquer. Et tout ça vient de la vitesse qu'on a su mettre dans les transmissions.
Pour compléter cette idée, la vitesse s'accompagne nécessairement de courses très intenses : que ce soit pour prendre les appels, ou pour se replacer. Les joueurs ont eu des crampes à la fin du match, mais je ne m'en inquiète pas le moins du monde, au contraire c'est très positif ! Cela montre que tout le monde s'est dépassé, et c'est ce qu'on devrait voir régulièrement. Un pressing agressif, des joueurs qui ne lâchent rien, des débordements sans calculer, des retours rageurs, des interventions musclées : voilà ce qui doit naturellement accompagner une envie de gagner. Je préfère de très loin voir des joueurs sortir héroïquement avec des crampes en marquant six buts que de voir des joueurs à peine fatigués qui n'ont jamais osé tenter quoi que ce soit, qui ont soigneusement respecté un schéma tactique prédéfini, mais qui n'ont jamais mis de folie dans leur jeu.
Il faut espérer désormais que Pélissier sache tirer les leçons de cette victoire. De l'ambition offensive, de la technique au milieu, et une accélération du jeu accompagnée de courses intenses pour faire des différences. Voilà la recette si l'on veut pouvoir rouler sur nos adversaires d'ici la fin de saison. On ne gagnera pas tous les matches, mais si on peut mettre la même énergie et le même enthousiasme, on perdra avec la tête haute.
Dernière édition par May le 09 Avr 2022, 12:45, édité 1 fois.
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