Je pense que l'effectif a de la qualité, mais ça demande un état d'esprit particulier de jouer le maintien, et je ne sais pas si nos joueurs ont ce qu'il faut pour cela.
Ca demande de s'arracher, de jouer à 150%, de se donner sur chaque ballon sans sacrifier la qualité technique pour autant. Pour le moment, on sait faire l'un ou l'autre, mais pas les deux en même temps. Quand on aligne des joueurs de ballon, ils sont en papier et se font démolir physiquement par leurs adversaires faute de savoir mettre de l'intensité dans leurs gestes. Quand on aligne des joueurs physiques, l'équipe manque d'allant, d'envie, et arrive à prendre trois buts en ayant quasiment 70% de possession de balle.
Je crois beaucoup en Tosin et Kari, mais pour le moment ils ne sont pas là, et rien ne dit qu'ils vont retrouver un état de forme convenable sur la durée. Offensivement, on empile les joueurs, mais à part Kroupi aucun ne fait l'unanimité. Faivre est sur courant alternatif, capable de dynamiter un match ou de faire long feu.
Outre la confiance, nos joueurs manquent de beaucoup de choses. On accuse systématiquement un déficit physique, avec des joueurs qui n'arrivent pas à répéter les courses à haute intensité, qui se blessent régulièrement, ou qui tout simplement ne sont pas à la hauteur dans les duels. Sur le plan technique, on est loin d'être supérieurs à nos adversaires, à la fois dans les gestes simples (les contrôles sont souvent approximatifs, les passes peu appuyées, les frappes rarement menaçantes) et dans les choses plus compliquées : depuis le départ de Le Fée, on ne voit plus vraiment de transversales, de passes dans les intervalles, et les CPA sont souvent une catastrophe avec un sacré paquet de ballons que nos joueurs ne peuvent même pas disputer. Enfin tactiquement, ce n'est pas toujours brillant (même si pour le coup la responsabilité de Le Bris est énorme). Cela a été relevé, mais le placement sur les CPA n'était pas bon cet aprem, on a encore vu beaucoup de joueurs à contre-temps sur les interventions (Yongwa notamment), et dans le placement c'est encore perfectible. Les changements de système n'aident pas, évidemment, mais on voit la différence entre des joueurs très adaptables (Abergel, Talbi) et d'autres qui pataugent un peu plus pour se mettre au niveau.
Les autres équipes qui marchent avec un collectif moins étoffé s'appuient justement sur des valeurs qu'on n'a pas : la solidarité, le courage, l'esprit de corps. Ce sont des choses qui peuvent être sublimées par un entraîneur, mais qui doivent être déjà présentes chez les joueurs au départ. On voit bien que des Mvogo, Talbi ou Abergel ont cette flamme en eux, et même dans un mauvais jour ils se dépouillent sur le terrain. D'autres sont capables de traverser des matches sans montrer d'agacement, de signe de révolte, sans se transcender pour rejeter la fatalité, sans fournir deux fois plus d'efforts pour casser la spirale. On a vu des joueurs (je pense notamment à Diarra) trottiner sur des replis défensifs alors qu'ils venaient de rentrer sur le terrain. J'attends encore de voir la grinta de Ponceau, de T. Le Bris, de Faivre, de Doucouré, de Makengo, sans parler des remplaçants qui ne dégagent pas toujours une envie immense de renverser le match. Ca s'enflamme parfois quand on est menés en fin de match, mais sinon on sent souvent une profonde résignation chez les joueurs.
Ca n'enlève rien à leurs qualités intrinsèques (qui pourraient s'exprimer fort bien ailleurs), mais dans l'état actuel des choses, de nos carences, des blessures, des états d'âme et des inévitables envies d'ailleurs qui vont émerger, je pense que la question peut se poser (au moins sur certains postes).
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