Je n'ai jamais parlé de comparer le nombre de morts. Je parle de regarder les enchaînements d'évènements pour anticiper la suite.
J'avais annoncé le confinement à mon client au taf 3 semaines avant qu'il ne soit décidé, il m'avait ri au nez, comme tout le monde. Et j'ai interdit à mes parents de sortir de chez eux une semaine avant car mon beau-père a des soucis pulmonaires. Je ne suis pas devin, j'avais juste lu ce qui s'était passé en Chine. Si aucune personne en responsabilité n'a eu la bonne idée de faire pareil c'est con pour nous et ça explique pourquoi on en est là. A l'époque les spécialistes parlaient tous d'une "grosse grippe", ignorant sciemment le taux de contagiosité x2 à x3 mesuré en Asie, qui est une différence gigantesque, car cela déclenche l'effet "exponentiel", et le fait que la population n'avait aucune immunité face à ce virus.
Le problème maintenant c'est que nous dévions de la situation chinoise, car ils ont commencé à reprendre le contrôle sur la situation à peu près un mois après le début du confinement, en appliquant des mesures que nous n'allons pas appliquer. Donc on ne peut plus "lire l'avenir". On sait juste que la solution qui a permis à la Chine de s'en sortir ne sera pas appliquée chez nous, ce qui ne me rend pas optimiste.
Aujourd'hui notre trajectoire est plutôt celle de l'Italie. Problème : ils n'ont que 7 à 10 jours d'avance sur nous. Cela ne nous permet difficilement d'anticiper, car chaque décision prise pour éviter la contagion met minimum 15 jours à prendre effet.
Si on attend de constater l'évolution de leur situation ou si on attend d'être au même niveau qu'eux pour appliquer les mêmes mesures, on perd de une à trois semaines. Ces "semaines perdues" peuvent se convertir directement en nombre de semaines de confinement supplémentaires, en nombre de nouveaux cas et en nombre de morts (à 1000 décès par jour en Italie, chiffre que nous aurons rejoins rapidement, une simple formule mathématique permet de dire quand à 2-3 jours près).
La solution pourrait être d'appliquer les mesures italiennes en même temps qu'eux : en partant du postulat que nos situations seront les mêmes, on sait déjà qu'il nous faudra les appliquer. Pourquoi attendre ? "Avec un peu de bol on s'en sortira mieux que les italiens" ? C'est ça qu'ils pensent ? On se disait la même chose quand on regardait la Chine avec dédain...
L'autre différence par rapport à la Chine, peu visible pour le moment mais qui va apparaitre rapidement, c'est qu'à l'époque c'était une crise régionale, désormais c'est une crise mondiale. La Chine pouvait se permettre de faire un confinement strict à Wuhan car le reste du pays voire du monde pouvait nourrir cette province, pendant le mois nécessaire à la destruction le virus. On aurait pu faire de même il y a un mois. Quand on se évaluera enfin cette solution, on se rendra compte que ce n'est plus possible, car les stocks mondiaux de nourritures et de produits de première nécessité auront fondu. On voit bien que ça a commencé sur les masques, achetés à la sauvette ou requisitionnés sur les tarmacs des aéroports. La guerre a commencé, aujourd'hui les masques, demain la nourriture.