L'entretien avec MG paru ce jour dans L'Équipe
issu du journal Foot ANG Arsenal Mattéo Guendouzi (Arsenal) : «J'ai eu le coup de foudre» Le 22/09/2018, mis à jour le 22/09/2018 à 18:19 José Barroso Le jeune milieu français (19 ans), révélation du début de saison d'Arsenal, raconte sa découverte de la Premier League et sa passion pour les Gunners. Son transfert n'a pas affolé les compteurs comme Kepa Arrizabalaga (80 M€ à Chelsea) ou Naby Keita (60 M€ à Liverpool), mais Mattéo Guendouzi est l'une des révélations du début de saison en Premier League. Acheté à Lorient cet été pour 8 M€, le milieu de dix-neuf ans s'est engagé avec Arsenal pour quatre ans (plus une cinquième en option) à la surprise générale. Il y a quelques jours, il a profité d'un crochet par Paris pour raconter son arrivée chez les Gunners, sa découverte du Championnat anglais... et de la notoriété dans les rues de Londres. «On me reconnaît facilement, avec mes cheveux», s'amuse celui qui a déjà été adoubé par Ian Wright, l'ancien attaquant d'Arsenal, sur la BBC.
«Vous avez été titulaire à Arsenal lors des cinq premiers matches, élu joueur du mois d'août par les supporters. Imaginiez-vous une intégration aussi rapide ? Ça fait plaisir de voir que les gens du club sont sensibles à ce que tu fais. Je viens d'un Championnat pas très regardé (la L2), surtout en Angleterre. Mais tout le monde m'a mis à l'aise, ça a aidé. Je savais qu'en allant à Arsenal, ça allait être compliqué, mais j'avais la conviction de pouvoir faire de grandes choses. C'est une première récompense mais ce n'est pas une fin en soi.
Votre bond de la L2 à Arsenal a surpris. Comment ça s'est passé ? J'étais en vacances à Ibiza. Je reçois un appel de mon agent (Philippe Nabe). J'étais à la piscine mais en période de mercato, je me dis que c'est peut-être urgent (rire). Il me dit qu'Arsenal est intéressé, que je dois rentrer pour prendre une décision sur mon avenir. On s'est assis avec mes proches. À partir du moment où les conditions étaient réunies, on a choisi Arsenal. Il fallait encore que les clubs se mettent d'accord. Ça a duré deux semaines, stressantes, puis tout s'est enchaîné.
D'autres grands clubs étaient intéressés, dont le PSG où vous avez débuté. Pourquoi avoir préféré Arsenal ? Paris était mon club de coeur en France parce que j'y ai joué de six à quinze ans. En grandissant, j'ai regardé d'autres équipes et pour Arsenal, je n'étais pas très "posters", mais j'ai vu beaucoup, beaucoup de vidéos. Des joueurs comme Thierry Henry et Patrick Vieira m'ont fait aimer ce club, je rêvais d'y aller. Quand je passe devant l'Emirates et que je vois la statue d'Henry, je repense à ces vidéos. À partir du moment où Arsenal est venu, c'était clair. Je ne vais pas mentir, c'est une étape que je voyais plus tard dans ma carrière. Mais rejoindre un tel club à dix-neuf ans, n'importe quel joueur le voudrait.
N'avez-vous pas eu peur de partir pour faire banquette ? C'est vrai que beaucoup de jeunes partis à l'étranger se sont perdus, notamment en Angleterre. Mais j'ai toujours eu confiance en moi. Je sais que je vais progresser quoi qu'il arrive. Ça ne m'a pas fait peur, sinon j'aurais choisi un club intermédiaire. Les discussions avec Unai Emery ont été importantes aussi. Il m'a dit qu'il m'avait repéré quand on avait joué au Parc avec Lorient (0-5, le 21 décembre 2016) et qu'il me suivait depuis.
«J'ai vu la différence avec la L2 ou la L1. Tu dois tout le temps être à bloc, 90 % ce n'est pas assez»
Vous avez découvert la Premier League. Alors, quelle impression ? Il y a de grands joueurs partout ! Même dans des équipes moins huppées, il y a de la qualité. Le plus gros choc, c'est l'intensité. Dans les contacts, les duels, les déplacements... J'ai vu la différence avec la L2 ou la L1. Tu dois tout le temps être à bloc, 90 % ce n'est pas assez. Il y a des équipes où tu as plus de jeu, mais celles du bas de tableau jouent leur vie à chaque match. Le vingtième donne tout pour gagner contre le premier, il n'y a aucun calcul. Les supporters adorent ça. Tu sens que si tu mouilles le maillot, ils vont t'adopter. Les stades sont pleins partout. C'est le top.
Vous avez d'emblée gagné votre place. Pourtant, Emery vous a lancé en sentinelle alors que vous avez un profil de relayeur... Je sais que j'ai des qualités techniques pour prendre des décisions, orienter le jeu, mais pour évoluer au milieu, c'est important aussi de récupérer des ballons. À Lorient, il fallait que je fasse un travail là-dessus. Je ne suis pas un joueur qui va forcément au duel. J'essaie plus d'intercepter par mon positionnement. En fait, j'ai été un peu surpris car en L1 ou L2, je récupérais beaucoup moins de ballons. Sur les trois premiers matches de Premier League, j'étais le joueur à en avoir récupéré le plus.
Vous avez un gabarit assez frêle pour un tel poste. Comment fait-on pour compenser ? À la préformation du PSG, j'étais plus petit, moins costaud que les autres. Jusqu'à onze, douze ans, j'ai fait du karaté, avec mon père qui était professeur. J'ai même fait troisième au Championnat de France. Ça m'a permis de ne pas avoir peur quand je vais au duel.
«Revêtir le maillot des A des Bleus est l'un de mes objectifs»
Vous aviez quitté le PSG à quinze ans pour rejoindre Lorient. Pourquoi ? Le PSG m'avait proposé un contrat mais le projet avec les jeunes n'était pas encore développé. Pour moi, il fallait vraiment que je parte. Paris était plus porté sur le recrutement de grands joueurs internationaux. Pour les jeunes de la formation, ça paraissait très compliqué de sortir. Aujourd'hui, on en voit plus intégrer le groupe pro, tant mieux. J'avais rencontré des gens de Lorient, le courant était bien passé. J'avais le sentiment que c'était le bon endroit pour continuer à progresser, qu'on me ferait confiance. Si je suis à Arsenal, c'est aussi grâce à Régis Le Bris (responsable de la formation), la personne qui m'a le plus appris dans le foot ; à Sylvain Ripoll, qui n'a pas eu peur de me lancer en L1 à dix-sept ans.
Il y a eu quelques épisodes plus compliqués avec certains coaches ou au sujet de votre prolongation. On a dit parfois que vous étiez difficile à gérer... Je n'ai pas eu de problèmes personnels. Je donne le maximum et quand on ne gagne pas, j'ai parfois du mal. Peut-être que ça passe avec des personnes, pas avec d'autres. La dernière année, avec mon père et mon agent, on a été clairs en disant qu'on ne voulait pas prolonger. À partir de là, il y a eu des tensions. Mais je reste heureux de ce que j'y ai fait, c'est le club qui m'a fait grandir. Même la L2 a été une étape importante. C'est un Championnat pas évident, il y a beaucoup de combats. J'ai beaucoup appris.
Le Maroc, dont votre père est originaire, vous fait des appels du pied. Vous êtes-vous positionné ? J'ai toujours joué en équipe de France chez les jeunes, donc revêtir le maillot des A des Bleus est l'un de mes objectifs. C'est un rêve dans un coin de ma tête. Mais je reste concentré sur ce que je dois faire avec Arsenal. C'est important pour moi de continuer à progresser. Je n'ai que dix-neuf ans, il ne faut pas l'oublier. Le reste suivra si je suis bon.»
Mattéo Guendouzi en bref 19 ans. 1,85 m. Milieu de terrain. Club : Arsenal. 2015 : il quitte les U17 du PSG pour Lorient, où il sera lancé en L1 en 2016. Chez les Merlus, il dispute ensuite 18 matches de L2 la saison dernière.
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