Je vois beaucoup de commentaires pointer du doigt la faiblesse de notre défense, mais assez peu soulignent les tempêtes qu'on a pris sur les ailes, en particulier sur notre flanc droit. Mavididi a mis Silva et Mendes (Igor Mendes pour notre cher Dupraz) sous sa chaussure, et leur a roulé dessus pratiquement toute la première période. Les dédoublements du côté gauche montpelliérain ont été innombrables, avec à la sortie des centres souvent dangereux qu'on n'arrivait pas à bien gérer. Heureusement qu'on a pu bénéficier de la maladresse de leurs attaquants en première période (notamment sur le très beau centre tendu venu de notre droite) sans quoi on aurait payé très cher nos errements.
Depuis le début de la saison, notre défense à cinq fait bloc dans l'axe et nous permet habilement de détourner la pression vers les latéraux qui, lorsqu'ils sont en forme et font bloc, sont capables de tenir. Au bout d'une demi-heure cet après-midi, il était évident qu'on allait finir par exploser sur les ailes, Silva étant incapable de tenir ses deux vis-à-vis, et Mendes intervenant trop souvent à contre-temps pour bien couvrir. Le non-repositionnement de Laurienté sur le côté droit est, pour moi, une véritable énigme.
Non seulement ce joueur a des qualités de percussion et de débordement évidentes, mais en plus il a des repères à ce poste qui lui permettraient de bien verrouiller le couloir, de donner un meilleur équilibre à notre défense, et d'ajouter une véritable solution de relance courte pour les défenseurs centraux quand ils récupèrent la balle. Au lieu de quoi, il joue en électron libre dans l'axe, trop avancé pour vraiment jouer en décrochage et servir de point d'appui pour les premières relances (Abergel et Le Fée ont été incapables de le trouver pour appuyer la construction), et pas assez lancé en profondeur pour défier la défense montpelliéraine qui n'a jamais vraiment été embêtée dans ce registre.
A chacun de nos contres, on a vu des joueurs réciter gentiment leur partition : ralentir le tempo, revenir en arrière, faire quelques passes dans la défense, et en désespoir de cause envoyer un long ballon devant. Quitte à vouloir utiliser la verticalité, a fortiori contre une équipe aussi athlétique et agressive que Montpellier, autant exploiter les déséquilibres induits par la récupération du ballon ? Combien de ballons perdus en cherchant à conserver le ballon bêtement plutôt qu'à jouer simplement vers l'avant en direction du joueur lancé ?
Et quand on a tenté de jouer les ballons vers nos attaquants, juste histoire de dire qu'on n'était pas venu profiter des plages, nos joueurs n'ont que rarement suivi les actions. Le but de Le Fée (ou du gardien c'est selon) montre bien qu'un dépassement de fonction, un milieu qui plonge dans la surface adverse, peut directement déstabiliser le positionnement adverse et venir apporter le danger. Dans un système à cinq, en phase offensive, on devrait pouvoir compter sur la présence des latéraux dans la surface (comme sur le but de Le Goff contre Saint Étienne), sur la plongée de Laurienté et celle d'au moins un milieu de terrain, le second restant aux abords de la surface pour jouer les seconds ballons ou les centres en retrait. Jouer avec trois défenseurs centraux devrait justement nous permettre de faire preuve de plus d'allant offensivement, de chercher à faire mal sur les contres et de punir toute perte de balle. Le Fée le disait à la mi-temps, il est plus facile de courir avec le ballon que sans. Montpellier nous a démontré cet après-midi à quel point c'était vrai, et à chaque ballon perdu on prenait une nouvelle vague qui nous a cantonnés à défendre arc-boutés dans les six mètres.
Il ne manque pas grand chose pour que cette équipe tourne correctement, car les joueurs ne déméritent pas. Abergel, Lemoine et Le Fée ont bien tenu le milieu de terrain malgré des erreurs techniques inhabituelles. Laporte, Fontaine et Mendes en première mi-temps ont été consistants, gérant très bien l'axe de la défense, même s'ils ont souvent été mis hors de position sur les percées sur les flancs. Il reste à tenir nos couloirs, et force est de constater que Silva n'est pas encore le piston parfait, capable de bien défendre et de se projeter vite et fort dans la défense adverse. Le Goff fonctionne à réaction, se souvenant qu'il peut déborder et centrer principalement quand on est menés. On peut en plus s'appuyer sur un Nardi qui fait un bon début de saison, même s'il ne peut éviter l'inévitable.
La vraie source d'inquiétude, de mon point de vue, vient du banc. Grbic est fantomatique, Monconduit est encore timoré, et les blessures/suspensions vont commencer à se faire sentir. Deux expulsions en défense alors qu'on est limités dans ce secteur, c'est quand même débile. Il valait sans doute mieux en prendre quatre ou cinq, et garder des hommes contre Lens.
Au travail monsieur Pélissier, car bien défendre ne suffira pas.
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