C'est bien la première fois qu'ayant le temps de réagir à chaud, je ne trouve même pas les mots pour décrire le "spectacle" proposé... A froid, ça va mieux, mais quelle tristesse hier soir. Quelle indignité, de la part de joueurs de football, ou présumés comme tels, qui ont eu beaucoup de mal à simplement proposer une prestation collective aboutie.
Cela a été noté ici ou là, mais nos manques au pressing sont criants, et très inquiétants. On a vu des joueurs hésiter, dézoner pour être éliminés par une simple passe, ou refuser de s'engager au risque de laisser l'adversaire progresser balle au pied. Les buts qu'on encaisse révèlent une vraie fragilité défensive, car à aucun moment l'adversaire n'a travaillé pour mettre en difficulté notre bloc. Il suffit d'un ballon dans le dos de la défense pour qu'on soit totalement pris à défaut - parce qu'on ne sait pas, nous, jouer le hors-jeu. Il suffit d'un joueur qui chaloupe devant nos trois (!) centraux pour qu'on soit perdus. En première mi-temps, on a vu des joueurs totalement paniqués, des défenseurs incapables de faire preuve de sérénité, préférant balancer de longs ballons pour éviter de prendre vague après vague.
Pourtant, les Troyens n'ont pas été impressionnants. Ils ont joué un football simple, efficace à défaut d'être élégant, mais vraiment maîtrisé. Des passes dans les pieds suivies de bons contrôles ; des passes en profondeur en réponse à de bons appels ; des joueurs capables de s'intercaler intelligemment entre les lignes pour demander le ballon, le recevoir, et le transmettre. Bref, du foot, quoi. On a été incapables de gérer un Ripart qui pourtant a évolué seul, mais a su donner le tournis à Laporte et Pétrot sans forcer. Mendes a paradoxalement été le plus en vue des trois, capable de s'imposer en un contre un, et de donner un semblant de stabilité à notre flanc droit.
On s'attendait à une réaction après le match contre Rennes, on a vu une équipe pétrifiée, stupéfaite par un adversaire qui n'a eu comme mérite que de courir de manière organisée. Et plus que ça, on a vu des joueurs et un staff baisser les bras. Que dire, en même temps, devant une telle pauvreté technique ? Mauvaises passes, mauvais contrôles, incapacité à effectuer un renversement de jeu, incapacité à sortir le ballon proprement... Moffi et Laurienté ont été, une fois de plus, totalement surclassés par la défense adverse. Leur association, qui fonctionnait par effet de surprise et par un jeu très direct en début de saison, est devenue inefficace. Elle ne fonctionne plus, en tout cas pas avec cette "animation".
J'aimerais bien partager le constat nuancé de Pélissier, qui n'a vu qu'une première mi-temps ratée, mais même la seconde était faible. On n'a jamais emballé le match, on n'a jamais su inverser la tendance, face à des Troyens qui ont bien géré leur période, et n'ont pas vraiment été mis en difficulté - à part sur une percée de Moffi, stoppée par leur gardien. On a continué à voir un festival de passes manquées et de contrôles à cinq mètres, notamment de la part de nos joueurs "techniques" : l'entrée de Boisgard a apporté du dynamisme, mais que de déchet dans l'entre-jeu... C'est un joueur de couloir, capable de percuter et de distribuer de bons centres, mais qui n'a pas les qualités pour prendre le jeu à son compte - notamment du point de vue physique et de la vision du jeu. Son entrée met encore une fois en avant notre déficit au milieu, aggravé par la difficulté des joueurs à (re-)trouver leurs repères dans ce dispositif tactique, elle-même aggravée par le fait que notre tactique est particulièrement peu adaptée aux adversaires que l'on rencontre.
Comme l'a souligné le commentateur (Nivet, je crois ?), on avait trois défenseurs centraux au marquage d'un seul attaquant, ce qui laissait notre milieu de terrain en infériorité numérique. Les Troyens ont su dézoner efficacement pour apporter le surnombre dans les zones où nous étions les plus vulnérables. Ils avaient bien identifié que nos latéraux étaient fragiles, et savaient que nos centraux sortaient à contre-temps pour combler les brèches. On avait exposé ces failles au grand jour contre Rennes, et on pensait naïvement que sans les corriger, on allait pouvoir éviter une nouvelle correction.
Pélissier a du travail à faire, et pour moi on peut le résumer autour de deux axes de travail simples. Premièrement, la gestion des deuxièmes ballons, qui passe par la cohérence du bloc. Nos lignes sont systématiquement distendues - une difficulté récurrente dans notre club, d'ailleurs - et on n'arrive jamais à être présents à la récupération quand nos défenseurs gèrent un long ballon. Nos milieux sont trop éloignés de la défense, nos attaquants ne font pas toujours les efforts de repli, ou alors ils les font uniquement quand le ballon arrive dans leur zone. Hier, c'était criant, les Troyens parvenaient à s'installer dans notre camp simplement grâce à un joueur intercalé entre les lignes. Deuxième point, l'équilibre dans la couverture du terrain. On a densifié l'axe au détriment des ailes, et aujourd'hui, on n'arrive absolument pas à opérer sur les zones du terrain où on est en infériorité numérique. Pour qu'un 352 fonctionne, il faut impérativement que les latéraux aient un rendement exceptionnel. Ce sont eux qui encaissent la pression dans l'équipe, qui doivent faire les différences offensivement, et couvrir défensivement. Dans notre effectif, ces joueurs sont parmi les moins fiables (Le Goff, Loric et Silva sont à la peine défensivement, Hergault est à la peine offensivement), alors que notre force vient essentiellement de l'axe (avec nos cadres qui sont Lemoine et Abergel au milieu, et puis Laporte derrière). La défense à cinq avait pour objectif de densifier notre ligne arrière, car on n'avait pas ce joueur fiable capable d'appuyer Laporte - donc on en mettait deux. Mettre un milieu à trois, cependant, a fragilité nos latéraux, privés du soutien de joueurs devant eux pour les aider en défense. Si on ne résout pas ce problème d'équilibre, on se retrouvera toute la saison à voir nos latéraux devoir faire face à des un-contre-un qu'ils ne savent pas gérer.
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