C'est triste à dire après une défaite 3-1, mais c'est un match où on a vu quelques progrès de la part de l'équipe... c'est dire d'où on vient.
Les dix premières minutes sont bonnes, avec beaucoup de mouvement offensivement, des combinaisons intéressantes sur les côtés. Le Fée, Le Goff et Laurienté ont souvent échangé leurs rôles pour perturber le couloir lillois, et à gauche, malgré les trous d'air, on a vu un Mouazan essayer d'apporter des solutions courtes, pas toujours bien utilisées. Mendes confirme qu'il a envie de sonner la révolte, et il a été un des rares à apporter le danger pendant la première période, même si ses lacunes techniques l'empêchent de déborder pleinement, et de profiter des bons décalages.
Après ça, on a vu une équipe partir complètement à la dérive, en grande partie à cause d'un Nardi qui a totalement perdu pied pendant 45 minutes. Il avait déjà montré de la fébrilité sur certaines interventions, notamment un duel où il hésite à sortir, et laisse finalement le travail à ses défenseurs. Sur le premier but, il est largement en mesure de la capter, ou de la boxer efficacement loin et haut. Son mauvais choix (à moins qu'il subisse le tir, ce qui est plus embêtant encore) impliquait forcément un danger, que ce soit de la part de l'attaquant lillois ou d'un de nos défenseurs. Globalement, on peut quand même faire peser le blâme sur le côté droit de la défense, où un simple une-deux suffit à éliminer trois de nos joueurs. Jenz est d'ailleurs coupable de se livrer, alors que Mendes et Mouazan sont déjà éliminé. Sur le second but, Nardi peut sans doute mieux faire, même s'il est surpris par la trajectoire du ballon, et qu'il sort quand même un arrêt difficile. Pas de chance pour Jenz, qui devient coutumier du fait. Le troisième en revanche montre les limites de Nardi dans le jeu aérien. Il semblait avoir un peu corrigé le tir en début de saison, mais le manque criant de confiance le rend hésitant et mal à l'aise. Sur un tel ballon, il doit sortir genou en avant sans se soucier de qui sera sur la trajectoire, et bloquer cette balle. Son timing est mauvais parce qu'il cogite trop, et sa sortie est subie, si bien qu'il se bloque instinctivement.
La fin de la deuxième période a été rageante, parce qu'on sent cette équipe vraiment en difficulté quand le plan ne se passe pas comme prévu. On perd 3-0, mais on continue à adopter un bloc bas, sans pressing cohérent, sans rien changer. Pélissier aurait dû apporter des modifications, notamment remonter la ligne défensive de dix ou vingt mètres, et ordonner à ses joueurs d'accompagner le pressing. Comment peut-on expliquer qu'à certains (rares) moments, Moffi et Laurienté soient au pressing sur Grbic dans les six mètres, tandis que nos défenseurs sont au marquage sur Yilmaz... dix ou quinze mètres dans notre camp ? Jenz et Pétrot doivent lâcher ce marquage, remonter la ligne de hors-jeu, mettre la pression sur les milieux lillois, et faciliter ainsi la défense en avançant d'Abergel et Monconduit. Sans ça, c'est un jeu de dames, et on se fait bouffer aisément par des une-deux niveau poussin (heureusement que les Lillois n'étaient pas très bons, d'ailleurs, car ils auraient pu nous en passer cinq ou six avant de l'application).
En deuxième période, on a rectifié le tir dans une certaine mesure, avec une ligne plus haute, et un jeu plus porté vers l'avant. En première mi-temps, on a abusé des passes en arrière au point que ça m'a donné envie de hurler... Comment expliquer la phrase de Monconduit, qui disait avant match qu'on était fort en transition, vis-à-vis de notre jeu qui a consisté pendant 45 minutes à ne jamais exploiter les transitions. A chaque récupération, hop une passe sécurisée en arrière, histoire de laisser le temps aux défenseurs lillois de se replacer. Le changement opéré en deuxième a permis d'apporter du mouvement, mais on se retrouve face à trois écueils principaux qui demeurent, et qui nous empêchent de produire du jeu.
- Premièrement, notre mauvaise utilisation de la largeur. On n'arrive jamais à dédoubler car nos arrières ont peur de devoir une course de 70 mètres pour couvrir, donc ça force nos ailiers à jouer les un contre un. C'est envisageable quand on met Laurienté sur une aile, mais à condition de l'y laisser, et de ne pas le faire jouer la moitié du temps en attaque à faire le pressing sur les défenseurs adverses. Ca ne sert à rien d'aligner des faux-pieds qui seront tentés de rentrer dans l'axe, autant privilégier des joueurs sur leur bon pied, pour délivrer des centres. On a alterné entre Le Fée, Laurienté et Boisgard, et finalement on a vu un bon centre de la part de Le Goff en fin de période, et c'est bien tout. Laurienté, par ses débordements, arrive à forcer les décalages mais il ne peut pas redresser la balle du gauche, et se contente donc de frapper en angle très fermé. Un gardien attentif n'est pas facilement mis en danger par ce genre de ballons.
- Deuxièmement, notre occupation de la surface. Toute la partie, on a joué sans attaquants, Moffi dézonant de manière incompréhensible, jusqu'à arriver au niveau des défenseurs où il s'est retrouvé empêtré avec le ballon. On retrouve les mêmes difficultés que quand on évoluait avec Bozok, qui décrochait très bas, et n'était donc jamais à la finition. Quand on évolue avec deux attaquants, le décrochage de l'un doit permettre la prise de profondeur de l'autre, or Laurienté n'est pas un attaquant, et il n'est pas attiré par le but, il est attiré par le ballon. Il se retrouve donc à faire des demi-appels, car il n'a pas le réflexe de travailler dans le vide (une course en profondeur en sachant qu'il ne sera pas servi). Au lieu de quoi, il ne commence à courir que lorsqu'il sent qu'on va lui faire la passe, ce qui explique pourquoi il ne parvient pas à devancer Grbic sur la très bonne passe de Monconduit.
- Dernièrement, notre incapacité à créer des supériorités numériques locales. Quand on veut submerger l'adversaire, particulièrement dans un 442 qui est très structuré et donc propose une occupation assez homogène de l'espace, il faut impérativement dézoner pour venir proposer des solutions et forcer l'adversaire à se retrouver en infériorité numérique sur une zone particulière du terrain. Par exemple, l'attaquant peut venir appuyer l'ailier et l'arrière, afin de jouer un 3v2 (contre le latéral adverse et le milieu qui défend). Cela permet de déstabiliser la défense adverse, en forçant le défenseur central à suivre, ou le milieu à venir fermer (dégageant donc de l'espace pour un milieu de chez nous qui peut s'engouffrer dans la brèche). Or, dans notre schéma actuel, les joueurs sont inhibés, et n'apportent jamais de solutions collectives. Quand Moffi dézone, il le fait dans l'axe pour servir de point de fixation, ce qu'il fait très mal étant donné qu'il ne contrôle pas bien le ballon et ne sait pas le protéger efficacement. Quand Laurienté dézone, c'est souvent pour prendre le ballon, s'arrêter bêtement devant le défenseur, et essayer de faire un gri-gri. Tant qu'on ne sera pas capables de voir un dézonage permettant de jouer des une-deux-trois débouchant sur un dédoublement et un centre, on ne risque pas de voir les ballons arriver facilement dans la surface.
Maintenant, la fin de match nous a montré des choses positives (ou inquiétantes, selon comment on les voit). L'entrée de Soumano laisse beaucoup de regrets, car aurait-il commencé le match qu'on aurait peut-être vu des choses différentes. Soumano et Moffi devant, et puis Laurienté à droite, cela aurait peut-être donné un meilleur équilibre à l'équipe. Soumano a montré en un quart d'heure davantage de choses que Moffi sur les quelques derniers matches. Son placement est meilleur, ses prises d'appel également. Il est relâché, et tente des choses qui mettent la défense en difficulté. Avec le ballon, il peut être brouillon, mais il bénéficie d'une certaine réussite qui le rend imprévisible et difficile à défendre. Avant son but (tout à fait mérité), il réalise une tête dans la surface qui aurait mérité meilleure fin. Il se retrouve à faire danser toute la défense lilloise avant de finir par une frappe. Il réussit à décaler ses partenaires pour la frappe de Silva, et il a produit de gros efforts au pressing. Quand je pense que certains pensaient qu'on ne pouvait rien montrer en 15 minutes...
La défaite fait mal, elle accentue la crise, mais elle était l'occasion de tester de nouvelles choses, et je trouve que les enseignements sont bons. Silva n'est clairement pas le piston du siècle, mais en doublure de Laurienté à droite, pourquoi pas. Ca nous donne une option pour continuer à apporter le danger par des centres, tout en verrouillant un peu le couloir, avec un volume de jeu intéressant en fin de match. Mouazan est léger, mais volontaire. Probablement pas le genre de joueur qui peut enchaîner 90 minutes tout de suite, mais en fin de partie, il apporterait quelque chose. Soumano mérite d'avoir davantage de temps de jeu, et en l'absence d'autre attaquant de pointe, il devrait débuter. Boisgard a été encore décevant, et montre d'étonnantes limites physiques... il me rappelle Courtet par sa lourdeur et son côté emprunté (alors qu'il rentre en cours de partie, et devrait justement se distinguer par sa fraîcheur). Bourlès mérite d'être revu en fin de partie, grâce au dynamisme qu'il apporte dans le couloir, et à sa combativité.
Recommandations pour Pélissier : une bonne nuit de sommeil, une bonne paire de claques demain pour se réveiller, et au boulot. Musculation intensive pour Mouazan, Le Fée et Bourlès avec pour objectif de prendre 10kg de muscle pour ne pas se faire bouffer physiquement à chaque contact. Séances d'explosivité pour Boisgard, Jenz, Pétrot et Monconduit, qui doivent s'affûter un peu, et gagner en vivacité dans les déplacements et les changements de direction (c'est particulièrement criant pour Boisgard et Monconduit). Pour tous les autres, du ballon, du ballon, du ballon. Huit heures par jour s'il le faut, jusqu'à ce que les mecs soient capables de réussir des contrôles, des passes et des tirs dans toutes les situations.
Recommandations pour Fery : investir dans une paire de crampons vissés par joueur, pour éviter les glissades, investir dans une paire de gants adhésifs pour les gardiens, parce que là n'est n'importe quoi. Négocier des contrats beaucoup plus stricts avec les futurs joueurs, qui incluent le respect d'un régime alimentaire strict convenant à des sportifs de haut niveau, le respect d'une hygiène de vie à la hauteur du salaire qui leur est versé, et l'obligation de maintenir un niveau de performance physique digne d'un footballeur professionnel. Parce que pour le moment, les joueurs marchent encore beaucoup trop sur le terrain, et le pauvre Abergel va finir par en encadrer un au mur à force de se démener pour des mecs qui jouent sans courir.
Rendez-vous contre Nantes, en espérant ne plus revoir l'abominable 532 sans âme.
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